10 bougies pour Miks

La Maison de Jeunes Miks, dans le quartier Bockstael à Laeken, fête son 10ème  anniversaire. A cette occasion, nous donnons la parole à Safaa Jaaboub et Dorien Ackermans, 2 pionnières de Miks. Safaa avait 10 ans quand elle a franchi le seuil de  Miks pour le première fois, en 2008. Dorien est la coordinatrice et le moteur de Miks depuis le tout début. Ensemble, elles nous parlent de leur parcours chez Miks.

DE “CHEZ DORIEN” JUSQ’AU 200 MEMBRES DE MIKS

Safaa: "Au début, je venais chez Miks parce que ma mère voulait que je pratique plus le Néerlandais. On parlait le Néerlandais à la maison, mais là je n’avais pas de filles et de garçons de mon âge. A Miks, je me suis très vite faite des copines et ma mère avait atteint son but : on ne faisait que parler et papoter. Parler oui, écouter un peu moins (rire). Et on ne disait pas « on va à Miks », on disait, on « va chez Dorien ». Dorien était la maison de jeunes."

Dorien: "Oui, où est le temps ? (rire). Je gérais Miks toute seule. Pour organiser des activités pour les jeunes, j’avais un local de 6 sur 2 mètres à ma disposition. Afin d’informer les jeunes du quartier qu’il y avait une maison de jeunes, je m’adressais aux jeunes dans le métro.  Le premier gars qui est venu à Miks, était effectivement un garçon que j’avais su convaincre de passer, dans le métro. Safaa fait partie de cette première génération. D’abord il y avait un jeune, puis 2, 3. Les premières années, Miks organisait des activités pour en tout une vingtaine d’enfants et jeunes. Aujourd’hui Miks a plus de 200 membres. Ce n’est que depuis 2014 que Miks a effectivement une maison et  3.5 ETP. Grace à ça, on a su grandir et accueillir de plus en plus de jeunes du quartier. A l’époque, mon contact avec les enfants et les jeunes était évidemment beaucoup
plus intense."


DONNER ET RECEVOIR DE LA CONFIANCE

Safaa: Oui, mais même les dernières années, Dorien a joué un rôle important dans ma vie. Elle était toujours là quand j’avais besoin de parler à quelqu’un. Et elle m’a aidé avec quand j’avais des soucis – psychologiques, mais aussi avec mes études. Dorien est vraiment quelqu’un d’extraordinaire. Elle est heureuse et ça me rend heureuse. Et elle est toujours ravie quand j’ai fait un truc bien. Et puis, elle est aussi super marrante avec ses soi disant « blagues ». Je suis fière d’elle.

Dorien (rire): "C’est vrai que le lien personnel avec les jeunes est hyper important pour moi. Et fait, c’est une condition de base pour faire du bon travail de jeunesse. Les jeunes et les enfants doivent pouvoir être eux-mêmes. Tu peux organiser des activités de dingue, mais tout dépend de la relation de confiance qui naît ou existe avec les éducateurs. C’est ce lien-là qui fait que les jeunes viennent te voir quand ils ont un soucis, voire un problème grave."

"Cette relation personnelle se construit petit à petit: en étant disponible, en connaissant le nom de tout le monde, en partageant soi-même et en étant soi-même aussi en tant qu’éducateur. On travaille aussi beaucoup sur la confiance entre les jeunes même. Lors d’un camp par exemple il y a toujours une soirée autour des thèmes de l’identité, de la sexualité, etc. Ou on invite quelqu’un de l’extérieur pour partager son parcours de vie. Après il est plus facile pour les jeunes de partager leur histoire avec le groupe.  Il est important pour nous que chaque question puisse être posée. Même des questions qui sont difficiles à poser à la maison, souvent sur la sexualité ou l’orientation sexuelle."

Safaa: "Oui, les camps de Miks sont vraiment mémorables. J’y ai fait des choses que sinon je n’aurais jamais faites : dormir dans la nature dans une tente, une fois même sur un bateau. On a été à Rome. C’est une façon de se connaitre beaucoup mieux."

Dorien: "Et à ne pas oublier notre cuisine ouverte et l’ambiance conviviale chez Miks. ça aide à faire confiance aussi."

"Malgré notre croissance, on s’organise à petite échelle. Chaque atelier enfants est de maximum 12 participants. Et on organise des camps séparés pour chaque groupe ? Tous les éducateurs de Miks connaissent chaque enfant ou jeune qui côtoie Miks, même s’il ne fait pas partie de son groupe. Le fait d’être relativement petite comme MJ a certainement des avantages. S’il y a un parent qui vient chercher son enfant ou a des questions, on sait toujours qui c’est."

LES ENFANTS QUI DECIDENT?
Safaa: Ce que je trouve aussi important c’est qu’on peut aussi décider ce qu’on va faire. Je me rappelle des cours d’Anglais de Dorien. Elle le faisait parce qu’on le lui avait demandé. On a toujours pu choisir nous-mêmes.

Dorien: "Aïe Safaa, tu as mauvaise mémoire, parce que dans ces 10 ans, ont a fait BEAUCOUP d’activités que vous n’aviez pas envie de faire, tu sais. Et ce fameux cours d’Anglais, on l’a fait parce que on partait en échange international et il fallait bien pouvoir communiquer avec les jeunes sur place."


"Mais effectivement, il faut trouver le juste milieu entre ce que les enfants et les jeunes ont envie de faire, et les faire quitter leurs zones de confort pour ce qu’ils découvrent d’autres activités. Et là l’astuce est de le leur proposer sans engagement à long terme. Dès qu’ils ont essayé une fois, l’ouverture est faite."


BOCKSTAEL FOREVER
Dorien: "Quand je suis arrivée ici il y a dix ans, je venais de quitter l’école. Tout était nouveau pour moi: travailler avec les enfants et les jeunes, le contact avec les parents, la multi-culturalité, le quartier, tout! En dix ans, le quartier Bockstael est devenue encore plus divers : avant il y avait majoritairement des personnes d’origine marocaine et maintenant beaucoup de familles de l’Europe de l’Est s’y sont installées. Ça se reflète dans le public de Miks : nos jeunes ont de plus en plus des origines différentes. Et depuis que l’école Européenne s’est installée à Laeken, la population est devenue plus riche, Laeken a un certain cool. Ça fait augmenter les prix de location, et la vie des personnes déjà défavorisées devient encore plus dure."

Safaa: "J’habite toujours dans le quartier Bockstael et je passe encore régulièrement chez Dorien, je veux dire à Miks (rire). Simplement pour dire bonjour ou quand j’ai besoin d’un ordinateur pour l’école. Pendant l’année scolaire, je ne sais pas aider parce que les heures des cours me l’empêchent. Mais pendant les vacances scolaires, j’essaye d’aider pendant les camps en tant que bénévole."

Dorien: "Les bénévoles sont essentiels pour le fonctionnement de Miks et ils méritent mille compliments. Et à l’occasion de ce 10ème anniversaire, je tiens à remercier quelques personnes en particulier. Un grand merci à l’équipe actuelle, Flo, Pieter et Soufiane, et aux éducateurs des dix dernières années.  Je pense également à Mieke Ulens, qui nous mets nos locaux à disposition par un bail. Je remercie la Ville de Bruxelles et le service des « Nederlandstalige Aangelegenheden ». Merci à notre coupole de maisons de jeunes D’Broej et sa coordinatrice Inge Loodsteen. Et enfin, un big up à nos enfants, jeunes et leurs parents, qui nous font confiance et qui soutiennent clairement notre vision."