Peterbos mis en perspective

Des jeunes lancent des pierres vers des policiers. Des contrôleurs de la STIB ont été agressés par des jeunes. Des jeunes attaquent une équipe de journalistes. Voici les plus récentes nouvelles sur le quartier du Peterbos. Etonnant? Pas du tout. En tout cas, pas pour les professionnels sociaux de D'Broej, Samenlevingsopbouw et Femma Quartier, qui y sont actifs depuis 25 ans.

Ces faits cachent le vrai problème du Peterbos. Ces évènements ne sont qu'une triste épisode d'une longue histoire. Une histoire de trafic de drogue et d'armes qui se déroule ouvertement -  souvent le soir, mais aussi en pleine journée. Les résidents ne se sentent pas en sécurité parce qu'au bout d'une certaine heure, les trafiquants de s'emparent des espaces ouverts entre les blocs de logements sociaux. Les parents gardent souvent leurs enfants à l'intérieur. Des jeunes sont mort d'une overdose.

En tant qu'organisations sociales et de jeunesses actives sur le terrain, nous avons signalé ces faits à plusieurs reprises aux autorités compétentes. Dans un premier lieu, sans réaction.

Le Peterbos a été abandonné ces dernières années - sur le domaine du logement, de la sécurité et du capital humain. Les trafiquants de drogue et d'armes ont libre cours et utilisent des adolescents locaux. Le quartier s'isole. Et cela fait du Peterbos un quartier qui attire d'un autre type de criminalité. Comme jeter des pierres et agresser des contrôleurs. Mais derrière, il y a une histoire de travailleurs de jeunesse qui, sur un terrain de foot dans un état épouvantable, entraînent des enfants, alors qu'à côté de la ligne il n'y a pas de supporters, mais des dealers.

Depuis peu, il y a place à l'amélioration: une antenne de police sera bientôt installée dans le Peterbospark et, par le biais d'un contrat de quartier, des fonds supplémentaires seront utilisés au cours des quatre prochaines années pour aménager l'espace public, créer des lieux de rencontre et investir dans des projets socio-économiques.

Le quartier du Peterbos abrite de nombreux (jeunes) chômeurs, des mères célibataires et des personnes âgées. Tous ces gens ont un revenu limité. Il n'est pas toujours facile pour eux, mentalement et financièrement, de sortir de l'isolement de leur quartier de logement social.

Ne parler que de trafic de drogue et d'armes, d'insécurité et d'isolement, ferait  du tort à la vérité, à la réalité quotidienne au quartier du Peterbos. La grande majorité des résidents font de leur mieux:  ils s'engagent à rendre leur quartier plus agréable et vivable. Les jeunes se portent volontaires dans le centre de jeunesse, les personnes âgées apportent un soutien après l'école aux enfants, des pères construisent de leurs propres mains de meilleures infrastructures sportives. D'ailleurs, comme chaque année, il y aura bientôt une fête de quartier dans le Peterbospark.

De quoi les habitants ont-ils besoin au Peterbos? Comment pouvons-nous soutenir ces initiatives positives?

A court terme, la paix et la tranquillité doivent revenir dans le quartier. La sécurité des résidents et des passants doit être garantie. L'installation d'une antenne de police est un premier pas dans cette direction. A notre avis, une approche de proximité avec le toucher humain est la deuxième condition. Peterbos a besoin de plus d'agents de quartier qui n'ont pas peur du contact personnel, qui sont ouverts au dialogue et qui sont visibles dans le quartier.

La rénovation actuelle des immeubles d'habitation de plus de 40 ans est un début, mais il faut aussi investir dans l'amélioration du cadre de vie entre ces bâtiments: un terrain de jeux, une infrastructure sportive, un lieu de rencontre.

Le seul business qui tourne bien dans le quartier est un business illégal. Un quartier sain mène des affaires saines. Peterbos a besoin d'entrepreneurs, de commerçants. Les commerçants ont petit à petit quitté le quartier ces dernières années, tandis que le boulanger, l'épicier ou le marchand de journaux sont tout aussi nécessaires au tissu social.

Et, bien sûr, il faut également investir dans les gens. Cela se fait tous les jours au rez-de-chaussée du bloc 3 du Peterbos. Là, les professionnels de Samenlevingsopbouw, Femma Quartier et D'Broej unissent leurs forces. Samenlevingsopbouw organise les résidents pour qu'ils s'engagent de manière positive dans leur milieu de vie et investissent dans la force des gens pour que la vie en commun au Peterbos soit agréable. Femma Quartier veille à ce que les femmes se rencontrent, acquièrent une meilleure compréhension des différents thèmes et prennent part aux activités. Les animateurs de jeunesse de D'Broej aident les enfants et les jeunes du Peterbos dans leur processus pour devenir des citoyens autonomes, sûrs d'eux et constructifs. Ensemble, nous touchons des centaines d'enfants, de jeunes et d'adultes qui contribuent jour après jour à une meilleure qualité de vie au Peterbos.

Ce capital humain vaut son poids en or. Mais elle ne peut briller qu'à: la sécurité, la cohésion sociale et la réduction de la pauvreté, l'esprit d'entreprise et les infrastructures de quartier.